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Retraite : cinq pistes pour optimiser vos pensions

A l'inverse des salaires ou des revenus professionnels qui peuvent augmenter significativement au fil des ans, les pensions de retraite n'évoluent que très peu. Penser en amont à une stratégie qui permette de les optimiser est donc crucial.

En moyenne, la retraite d'un salarié cadre est de seulement 53,5 % de son dernier salaire.
En moyenne, la retraite d'un salarié cadre est de seulement 53,5 % de son dernier salaire. (Shutterstock)

Par Roselyne Poznanski

Publié le 14 mars 2019 à 17:10Mis à jour le 15 mars 2019 à 09:34

Examiner de près ses droits retraite peut modifier sensiblement le montant des futures pensions. Cette précaution, qui exige un minimum de méthode, est loin d'être superflue. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder du côté du taux de remplacement, qui n'est autre que le rapport entre la pension nette de prélèvements sociaux et le dernier salaire perçu, net de cotisations sociales : pour un salarié né en 1956, qui souhaite partir à la retraite sans décote ni surcote, ce taux est de 72,6 %, mais pour un salarié cadre, il est de 53,5 % seulement, selon le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites en date de juin 2018.

1 Vérifiez l'intégralité de vos droits

Première chose à faire : vérifier ses droits retraite, c'est-à-dire ses trimestres et ses points. Pour cela, créez votre compte retraite personnel sur info-retraite.fr, seul et unique portail inter-régimes officiel, puis éditez votre relevé de carrière.

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Complet en principe, ce document peut toutefois comporter des oublis (trimestres retraite acquis dans un pays ayant une convention de Sécurité sociale avec la France, mais non reportés…), des erreurs (nombre de points Agirc-Arrco différents selon les années alors que le salaire n'a pas varié…) ou des inexactitudes (points Agirc-Arrco oubliés alors que, en parallèle, des trimestres ont bel et bien été comptabilisés…).

Un « check-up » un tantinet attentif permet de les débusquer et de les faire corriger, justificatifs à l'appui (par courrier adressé à votre caisse de retraite de base ou complémentaire ou en ligne), à tout moment.

2 Estimez votre futur parcours retraite

Le relevé de carrière donne aussi de précieux renseignements sur son futur « taux plein » et donc sur sa date probable de départ en retraite. Comment savoir combien d'années il faut encore travailler pour atteindre le taux plein ? Il suffit de comparer le nombre de trimestres déjà acquis à celui qu'il est nécessaire d'obtenir selon sa génération : 166 pour les personnes nées en 1957 par exemple, 167 pour celles qui sont nées entre 1958 et 1960 et ainsi de suite.

Pour ne pas vous tromper, additionnez les trimestres cotisés (acquis par le biais des cotisations obligatoires), assimilés (attribués pour les périodes de service militaire, de chômage, de maladie…) et les trimestres qui peuvent vous être attribués (8 par enfant né avant 2010 si vous en êtes la mère…) et qui ne sont pas toujours indiqués sur le relevé de carrière.

Si vous avez soixante-deux ans et s'il vous « manque » 6 trimestres par exemple, vous avez encore une année et demie de travail devant vous, sauf à accepter des pensions viagères minorées.

Et si vous souhaitez Retraite : quelles stratégies pour échapper au malus ? en vigueur depuis le début de l'année, qui réduit de 10 % votre pension Agirc-Arrco durant 3 ans, vous devez reporter votre départ de 4 trimestres civils supplémentaires.

Pour une Réforme des retraites 2019 : ce qu'il faut savoir téléchargez aussi votre estimation indicative globale (toujours sur info-retraite.fr). Chiffres en mains cette fois, vous pourrez déterminer le moment le plus judicieux pour faire valoir vos pensions : à partir de 60 ans ou avant (pour longue carrière, pour handicap…) ou à partir de 62 ans, l'âge légal, voire quelques années après.

3 Etudiez l'option de la « surcote »

Pour optimiser vos futures pensions, vous pouvez continuer à travailler au-delà de l'âge légal et de votre taux plein. Avec des bénéfices évidents : + 5 % par an de majoration de la retraite de base (même si celle-ci est plafonnée), mais surtout une pension complémentaire plus élevée grâce aux points Agirc-Arrco acquis en plus.

Surcoter au moins 4 trimestres permet par ailleurs d'échapper au malus Agirc-Arrco et surcoter 2, 3 ou 4 ans permet de bénéficier d'un « bonus » de 10 %, 20 % ou de 30 % durant un an sur sa pension Agirc-Arrco. « La surcote est pertinente lorsque le salaire de fin de carrière est beaucoup plus élevé que celui du début. Elle l'est également pour un salarié ayant travaillé à l'international, car il va améliorer sa faible retraite, liée à une carrière courte en France », indique Pascale Gauthier, associée chez Novelvy Retraite.

4 Réfléchissez à une retraite progressive

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Si vous devez travailler quelques années de plus, ou si vous souhaitez surcoter, pourquoi ne pas le faire en retraite progressive ? Ce dispositif, accessible aux 60 ans et plus qui ont engrangé au moins 150 trimestres de retraite cotisés ou assimilés (pour maladie, par exemple, ou attribués pour enfants notamment, tous régimes confondus), permet de lever le pied, sans (trop) y perdre du côté du salaire, mais aussi et surtout du côté des droits retraite.

Son principe s'articule autour d'un allégement du temps de travail compensé, pour partie, par une pension de retraite dite progressive. Le temps partiel doit être compris entre 40 % et 80 % du temps plein annuel préexistant. Pour un temps partiel équivalent à 70 % de l'ancien temps plein, la fraction de pension versée par les régimes obligatoires sera ainsi égale à 30 %.

«Avec l'accord de leur direction, les cadres en forfait jours, pour le moment encore exclus de ce dispositif, peuvent, via un avenant à leur contrat de travail, basculer en forfait heures. Et négocier le maintien des cotisations retraite sur la base de leur ancien temps plein», indique Snyla Chinnayya, consultante senior chez Mercer France. Prévue par la réglementation, cette possibilité permet de ne perdre aucun trimestre retraite, ni aucun point Agirc-Arrco. Elle est d'autant plus cruciale que le nouveau temps de travail est réduit et/ou que le salaire de départ est élevé. « Un employeur peut refuser ce maintien de cotisations sans que le salarié puisse y faire quelque chose. Il peut aussi l'accepter à hauteur de la seule part patronale, et dans ce cas le salarié paie sa part de cotisations retraite, ou encore prendre à sa charge 100 % des parts patronale et salariale de l'ancien équivalent temps plein, ce qui constitue évidemment la meilleure option pour le salarié», fait remarquer Snyla Chinnayya.

Cette prise en charge partielle ou totale est moins coûteuse qu'il n'y paraît (voir encadré).

Retraite progressive : l'impact de la prise en charge des cotisations

Pour un cadre percevant 80.000 euros bruts/an et qui réduit son temps de travail de 25 % (soit un salaire annuel brut à temps partiel, en forfait heures, de 60.000 €/an), le coût total annuel employeur (salaire brut + charges patronales) sera de :- 88.772 € (sans maintien des cotisations retraite)- 92.107 € (maintien conjoint employeur-salarié des cotisations retraite sur la base du temps plein, soit un surcoût de + 5,6 %) ou- 94.279 € (100 % des cotisations retraite prises en charge par l'employeur, soit un surcoût de + 9,2 %).Quant au salarié, il percevra respectivement, avant prélèvement à la source :- 46.638 € net/an ;- 44.466 € (manque à gagner immédiat de 3,6 % dû au versement de la part salariale des cotisations retraite sur la base de l'ancien temps plein) ou ;- 46.638 € net/an. Calculs effectués par Mercer France

5 Evaluez l'opportunité d'un rachat de trimestres

Si vous approchez de l'âge légal et si la perspective d'obtenir le taux plein est encore lointaine, il existe une alternative à la poursuite du travail : le rachat de trimestres, dans la limite de 12, pour études supérieures ou années incomplètes.

Selon le nombre de trimestres rachetés, vous pouvez soit atténuer les effets de la décote (sur votre retraite de base) et des minorations (sur votre retraite complémentaire), soit percevoir toutes vos pensions à taux plein.

Cerise sur le gâteau : les sommes versées sont intégralement déductibles de votre revenu imposable (art. 83 du Code général des impôts), hors plafonnement des niches fiscales.

Par ailleurs, si votre salaire excède 40.524 euros brut soumis à cotisations (soit le plafond annuel de la Sécurité sociale pour 2019), le coût de rachat d'un trimestre (4.367 euros à 60 ans, 4.510 euros à 62 ans…) est fixe : l'opération est donc d'autant plus intéressante que votre salaire est élevé. « Pour autant, cette opération ne peut s'envisager que lorsque l'on a une bonne visibilité sur ses droits retraite, le devenir de la réglementation et le déroulé de sa fin de carrière professionnelle», explique Pascale Gauthier. Depuis l'instauration du malus Agirc-Arrco sur les pensions complémentaires liquidées à taux plein, le rachat doit en plus s'appréhender avec astuce (voir encadré).

La bonne tactique pour les rachats de trimestres

Philippe est né en 1957. Son salaire de fin de carrière est de 95.000 euros brut/an. Il lui manque 4 trimestres pour obtenir ses pensions à taux plein.S'il part en retraite cette année, il percevra 45.822 euros net par an (hors prélèvement à la source).S'il rachète 4 trimestres pour acquérir le taux plein, il percevra d'abord 44.525 euros net par an, durant 3 ans, puis 47.880 euros net par an à partir de la 4e année de retraite, sachant que les 18.040 euros déboursés seront amortis en 13 ans et 8 mois, hors avantage fiscal.En revanche, s'il ne rachète que 3 trimestres, sa pension sera de 47.366 euros net par an seulement, mais, comme il s'exonère du malus, car sa pension de base n'est pas calculée à taux plein, il est gagnant. Pourquoi ? Parce que ce rachat lui coûte 13.530 euros seulement et parce que les 1.544 euros net par an de différence de pension (par rapport à l'absence de rachat) s'amortissent en 8 ans et 9 mois seulement, hors impact fiscal ! Calculs effectués par Novelvy Retraite

Roselyne Poznanski

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